Histoire

À la source : le Cœur Sacré de Jésus-Christ

Une fondatrice : Adèle Garnier

Adèle Garnier est née le 15 août 1838 à Grancey le Château, en Côte d’Or. Elle est baptisée le 12 septembre de la même année. Sa mère meurt alors qu’elle a six ans ; elle est mise en pension et reçoit une éducation religieuse. A 16 ans, fiancée, elle renonce au mariage, car elle s’applique à rechercher comment « contenter Dieu ».

Visions intérieures et expériences ecclésiales

A 26 ans, en 1864, elle tente une expérience de vie religieuse chez les Dames du Sacré-Cœur, à Conflans (Val de Marne), mais ne peut persister. Elle reprend son activité de préceptrice au service des enfants de la famille de Crozé, au château de l’Aulne près de Laval. C’est là qu’en 1869, « Jésus auréolé de lumière indiquant son Sacré-Cœur » lui apparaît.

Quelques temps après, le 17 janvier 1871, Notre-Dame apparaît dans le ciel de Pontmain et ce n’est pas le seul événement de cette nuit-là puisque l’armée prussienne qui envahissait le territoire recule jusqu’à l’Alsace. Adèle Garnier est membre de la Commission Ecclésiastique chargée d’interroger les enfants visionnaires.

Durant l’hiver 1872, alors qu’elle vient de lire un article du journal « L’Univers » sur le projet de construction d’une église dédiée au Sacré-Cœur à Montmartre, Adèle entend une voix intérieure lui dire : « c’est là que je te veux ! ».
Toute la vie spirituelle d’Adèle sera jalonnée de visions et de voix intérieures.

L’appel d’un lieu et d’une œuvre

Un mouvement, à l’initiative de laïcs catholiques, s’organise pour chercher sens aux malheurs qui accablent la France et l’Église : la défaite militaire de la France, la répression sanglante de la Commune à Paris, le Pape encerclé au Vatican par les troupes italiennes…

L’œuvre du Vœu National prend une telle ampleur que l’Assemblée Nationale de la IIIème République vote une loi pour reconnaître d’intérêt public la construction d’un monument et assigne l’emplacement du terrain situé sur la butte de Montmartre, Mont des Martyrs.

Parmi toutes les personnes qui s’intéressent à cette œuvre et souhaitent s’y associer, Adèle Garnier est habitée de plusieurs intuitions, qu’elle expose dès le 7 décembre 1874 au Cardinal Guibert :

« Je croyais obéir à une volonté de Notre Seigneur en venant dire à l’Archevêque de Paris que son désir était que dans la future Église du Vœu National, le Saint-Sacrement fût exposé jour et nuit, et que le culte rendu dans cette Église s’adressât tout spécialement à son Cœur Eucharistique…. et qu’une société de religieuses vouées à l’adoration et à la réparation fût établie à Montmartre. »

Elle est présente le 16 juin 1875, lors de la pose de la 1ère pierre, et s’offre « en victime réparatrice des offenses faites à notre Seigneur dans l’Eucharistie et tout spécialement en vue du culte d’amour et de réparation qui devait être rendu dans la basilique du Sacré-Cœur. »

Un parcours spirituel jalonné d’épreuves

Persuadée que c’est bien là que le Sacré Cœur de Jésus la souhaite, elle se livre à un essai de vie à Montmartre du 16 mai au 13 septembre 1876. Lors de cette période, elle participe à la prière dans la chapelle provisoire, mais est obligée d’interrompre ce séjour pour des raisons de santé. Pour elle s’ouvre alors un temps de longue maturation, de maladie, d’incertitudes, et en même temps d’approfondissement de sa vie intérieure, toujours sous la conduite de directeurs spirituels dont le plus connu est sans doute l’abbé Courtois.

Adèle Garnier connaît des expériences spirituelles très fortes, qui conduisent son âme toujours plus profondément sur le chemin de l’union avec Dieu : fiançailles et noces mystiques – préparées et accompagnées par un vœu de virginité prononcé en 1873, par des actes d’abandon, des sacrifices toujours en union spirituelle avec l’œuvre de réparation et de pénitence vécues à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre .