Comment faire lectio ?

Pour une lecture priante de la Parole de Dieu

Afin de nourrir notre vie de prière et développer notre relation à Dieu, la lectio Divina (lecture priante de la Parole de Dieu) est un moyen privilégié. La tradition chrétienne montre au long des siècles combien l’accueil profond de la Bible conduit à la sainteté.

Des pères de l’Église ont transmis leur propre cheminement et ont laissé une pédagogie permettant de vivre la Lectio divina. Le Pape Benoît XVI l’a repris également dans son exhortation apostolique Verbum domini.

Le Lectio divina se fait avec un texte de la Bible, de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Vous pouvez, par exemple prendre aussi un texte de la messe. Voici les étapes fondamentales pour la Lectio Divina :

  • La lectio : Que dit, en soi, le texte ? c’est la lecture toute simple du texte biblique.
  • La Meditatio : que nous dit le texte biblique ? C’est une méditation qui est personnelle mais nous rejoint chacun dans la réalité de notre vie communautaire.
  • L’oratio : que disons-nous au Seigneur en réponse à sa parole ? Chacun est amené à se positionner devant la parole proposée. Ma réponse sera-t-elle une demande, un chant de louange, une intercession pour quelqu’un ou quelque chose, un merci… ?
  • La contemplatio : quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il ? étape finale durant laquelle nous nous mettons face à Dieu pour adopter Son regard et agir selon Son Cœur.

Ces étapes de lectio sont une aide pour les personnes qui souhaitent approfondir cette voie de la prière. Cela peut aussi permettre de préparer les fêtes chrétiennes, une étape dans la vie chrétienne, ou tout simplement rythmer notre quotidien. Ajoutons aussi, avec le Pape Benoît XVI : « il est bon, ensuite, de rappeler que la lectio divina ne s’achève pas comme dynamique tant qu’elle ne débouche pas dans l’action (actio), qui porte l’existence croyante à se faire don pour les autres dans la charité » (Verbum Domini n° 87)

« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Romains 12, 2)

UN EXEMPLE DE LECTIO : L’ÉTOILE DES MAGES, UNE EXPÉRIENCE DE NUIT (Mt 2,1-12).

Mt 2, 1-12 : Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent :

« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.

Ils lui répondirent :

« À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »

Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

La visite des mages est une leçon sur la pédagogie de Dieu. Quels sont donc les signes que Dieu nous envoie pour que nous croyons ? un songe et une étoile. Quand Dieu s’adresse à l’homme, il est toujours infiniment respectueux de sa liberté : il est à la fois clarté et discrétion. Dieu ne s’impose pas. Il s’expose comme un être fragile et innocent, pour que nous n’ayons pas peur de l’accueillir, de le laisser nous rejoindre.

Pourquoi les mages ont-ils pris tant de risques pour suivre une étoile ? Et comment ont-ils pu la distinguer dans le ciel alors que tant de personnes n’ont rien vu ? Ils ont vu, car ils ont fait l’expérience de la nuit. Dans le silence de la nuit, lorsque le bruit des mots s’arrête, Dieu peut nous parler au cœur. Dans cette expérience douloureuse peut briller une étoile qui va nous conduire plus près de Dieu.

Mais Dieu ne se laisse pas découvrir sans grand détour. L’étoile se dérobe quand les mages arrivent près du but. Alors, de nuit, ils vont interroger Hérode, quelqu’un qui n’est pas une lumière ! Il leur a fallu passer par là. Ces hommes savent qu’ils ne savent pas. Et Dieu en fait des mages : à travers ce détour, il les fait plus pauvres, plus humbles. Et finalement, de nuit, ils découvrent Marie et l’Enfant. Guidés par l’étoile, l’humilité et la pauvreté, ils ont pu reconnaître le Roi qu’ils cherchaient.

Les signes ne parlent qu’à ceux qu’ils ont transformés, dans un pèlerinage intérieur, une marche. Nous aussi avons un jour vu se lever une étoile : Dieu, la rencontre avec lui, notre vocation. Nous avons tout quitté pour le suivre. Rendus capables de faire un grand chemin pour le rejoindre. Ce chemin, on le fait – on l’a fait – avec générosité.

Mais parfois, l’étoile est moins présente et Dieu se cache. Appel à faire un itinéraire spirituel plus profond. Nuit qui débouche sur une expérience lumineuse, joyeuse : “ils éprouvèrent une grande joie”. La rencontre de la lumière provoque la joie. Joie de la rencontre avec Dieu qui nous déconcerte.

Dieu ne se présente pas comme on l’attendait. On pensait qu’il fallait aller à Jérusalem. Mais il faut aller plus loin, aller jusqu’à Jérusalem. Il faut se remettre en route, et demander notre route.

Dans l’appel, un seul critère : chercher Dieu. Si on cherche vraiment Dieu, on découvrira que Dieu nous cherche le premier.

(d’après une retraite de Dom Jean-Charles Nault, Saint Wandrille, 2013)

 UN EXEMPLE DE LECTIO : LE TRÉSOR DANS LE CHAMP (Mt 13,44).

Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ. (Mt 13,44)

En première lecture, le sens de cette parabole nous apparaît évident : nous avons trouvé un trésor, le Christ. Ravis de joie, nous vendons tout, “achetons” la vie chrétienne et ses exigences pour “récupérer” le trésor, le Christ. Vendre tout, itinéraire de dépouillement, de désappropriation de soi, pour un chemin de joie, pour être rempli de joie.

Mais toute parabole, tout texte de l’Ecriture, parle d’abord et avant tout de Jésus. Relisons cette parabole en mettant Jésus au centre.

Quelques versets plus haut (Mt 13,38), nous avons lu “le champ, c’est le monde”. Ainsi, le trésor, c’est nous, cachés dans le champ du monde. Jésus vient dans ce champ par son incarnation. Et il découvre en nous l’image du Père.

Mystère alors que cet acte de recacher le trésor : le trésor n’est-il donc pas toujours visible ? N’est-ce pas là notre expérience quotidienne : voyons-nous toujours que nos frères et sœurs sont des trésors ? Voyons-nous toujours en eux l’image du Père ?

Pour acheter – racheter – ce trésor, il vend tout, se dépouille de tout : “Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.” (Ph 2,5-8). Il achète ainsi le monde par le prix de son sang, joyeux de le faire.

Demandons la grâce de percevoir la joie qu’a Jésus de nous voir. Il nous rachète sans cesse, à chaque Eucharistie, et le fait avec joie.

(d’après une retraite de Dom Jean-Charles Nault, Saint Wandrille, 2013)

https://lectiodivina.catholique.fr/quatre-etapes-de-la-lectio-divina/

https://hozana.org/priere/lectio-divina