« À » Montmartre puis “DE” Montmartre
Fondation d’une “Société religieuse”
La possibilité de fonder, à l’ombre même de la basilique, une « Société Religieuse » enracinée dans la Tradition de l’Eglise et dédiée à l’œuvre de la basilique du Sacré-Cœur se dessine enfin.
En 1896, Adèle Garnier rencontre Alice Andrade, d’origine anglicane, devenue catholique et désireuse d’une vie religieuse. Les deux femmes commencent une vie commune avec un petit règlement annoté par le Père Balme, op, et daté du 4 décembre 1896 qui suit la Règle de Saint-Augustin.
En mars 1897, s’adjoignent deux autres sœurs. Le 29 juin 1897, toutes les quatre se consacrent à Saint Pierre dans la crypte de la basilique – manifestant leur prière pour le Pape – et s’associent à l’œuvre de l’adoration perpétuelle. Les sœurs appelées « du Vœu National » porteront un habit tricolore, et sur le cœur la médaille représentant la vision de 1869 : le Christ auréolé montrant son cœur.
L’érection canonique de la « Société des Sœurs du Sacré-Cœur de Montmartre », par le Cardinal Richard est datée du 4 mars 1898. En religion, Adèle Garnier devient Mère Marie de Saint-Pierre, et Alice Andrade, Mère Marie Agnès du Sacré-Cœur.
« En mission, pas en exil »
En juillet 1901, les lois de séparation de l’Église et de l’Etat menacent les congrégations religieuses d’expulsion. Adèle Garnier – Mère Marie de Saint-Pierre – fait le choix de partir en Angleterre. Avant le départ, les quatre pionnières prononcent, le 27 septembre 1901, les vœux perpétuels de religion dans la crypte de la basilique de Montmartre. Puis, avec leurs premières compagnes, elles quittent la France : 11 religieuses, 7 professes, deux novices et deux postulantes.
La communauté avance de début en début dans une grande pauvreté : d’abord à Basset-Road, puis à Notting Hill, puis enfin après 17 mois d’errance, le 4 mars 1903, à Tyburn, lieu d’exécution des martyrs catholiques à Londres. La congrégation accueille des vocations anglaises dont plusieurs femmes d’origine anglicane, venues au catholicisme.
Cependant l’appel « de Montmartre » retentit toujours. Les religieuses ont le projet d’y revenir ; dans l’attente de cette éventualité, elles fondent à Koekelberg, puis à Bierghes, en Belgique, pour accueillir des sujets de langue française.
La Règle de Saint Benoît
En 1914, grâce à Dom Marmion, abbé de Maredsous, l’adoption de la Règle de Saint Benoît permet à la congrégation de se structurer. L’habit bénédictin noir est revêtu par les religieuses, entérinant l’appartenance à la tradition bénédictine et à son esprit, en gardant la coule blanche, manteau de prière porté lors des temps d’adoration eucharistique.
La rédaction de Constitutions propres des « Religieuses Adoratrices du Très Sacré-Cœur de Jésus de Montmartre, sous la Règle de Saint-Benoît » met en forme le désir de la fondatrice d’un gouvernement général « fédérant » l’ensemble des prieurés fondés. Un décret pontifical daté du 19 juillet 1930, autorise – à l’essai – les constitutions, rédigées en langue française. La congrégation est reconnue de droit pontifical.
Décès de Mère Marie de Saint Pierre
Le 17 juin 1924, à Londres, décède la fondatrice, après une très longue agonie. À peine deux ans plus tard, la cofondatrice, Mère Agnès du Sacré-Coeur, meurt brutalement.